Livre : "Et que quelqu’un vous tende la main" : Quand la relation humaine répare les blessures de l’âme
- Nadya Chaffaut
- 18 déc. 2024
- 2 min de lecture

Dans Et que quelqu’un vous tende la main, Carène Ponte nous plonge dans la vie de Magali, une femme brisée par les épreuves, enfermée dans une spirale de solitude et de souffrance. Suite à un drame personnel, Magali se retrouve dans une clinique spécialisée où elle découvre que l'on ne se soigne jamais tout à fait seul.
Ce roman, délicatement construit autour des thèmes de la dépression et du rétablissement, explore le rôle fondamental des relations humaines dans le processus de guérison psychique. Carène Ponte illustre avec finesse que même dans les moments les plus sombres, l'interaction avec les autres peut être une source d'apaisement et de reconstruction.
Magali ne guérit pas seulement grâce aux soins thérapeutiques proposés par l’institution, mais aussi par la simplicité des gestes et des échanges qu’elle y trouve. Une écoute attentive, un mot d’encouragement, ou un sourire bienveillant deviennent des outils de transformation. Ce message résonne profondément avec l'idée psychanalytique selon laquelle la parole et la relation à l'autre, lorsqu'elles sont authentiques et dépourvues de jugement, ouvrent la voie à la réparation de l’âme.
Carène Ponte explore la théorie des petites cuillères en apportant un éclairage précieux sur la façon dont Magali gère son quotidien au cœur de la dépression. Cette théorie, souvent utilisée pour expliquer la gestion de l'énergie chez les personnes atteintes de maladies chroniques ou psychiques, repose sur l'idée que chaque tâche, même anodine, consomme une "cuillère" d'énergie limitée. Dans le roman, l’institution et les interactions bienveillantes avec les autres permettent à Magali de retrouver peu à peu quelques "cuillères" supplémentaires. À travers des gestes simples mais significatifs, elle apprend à économiser son énergie et à la répartir pour se reconstruire à son rythme, soulignant l'importance d’un cadre soutenant où les relations humaines deviennent un levier pour alléger le poids des journées.
Carène Ponte met en lumière une vérité essentielle : oser demander de l'aide, accepter de se rendre dans un lieu spécialisé, et surtout, s’autoriser à tisser des liens humains sincères, peuvent marquer le début d’un retour à soi. En s’ouvrant aux autres, Magali trouve non seulement des alliés, mais aussi un miroir dans lequel elle redécouvre sa propre valeur.
Extrait du livre :
"Il y a des jours comme ça où, sans que l'on sache pourquoi, on se sent moins bien. Il paraît que c'est normal et qu'il faut parfois accepter de faire un pas en arrière pour pouvoir prendre une nouvelle impulsion, parce que on ne recule jamais aussi loin que son point de départ."
"Venir au jardin des Cybèles, parler de tout ça, me livrer sans retenue n'a pas été évident, c'est vrai. Parfois après certaines séances, j'ai même eu l'impression de me sentir encore plus mal qu'à mon arrivée. Un passage nécessaire sans doute pour faire s'écrouler l'édifice et tout reconstruire, une brique après l'autre."
Un livre réparateur !

Comments